Savez-vous d’où vient … la Pomme ?!

Savez-vous d’où vient … la Pomme ?!
Fanny Agostini, dans sa chronique « Les Pieds sur terre », diffusée lundi, retrace l’histoire de la pomme. Ce fruit millénaire, associé à de nombreux mythes et légendes, est aujourd’hui plus fragile que jamais.

RÉCITFanny Agostini nous embarque jusqu’au Kazakhstan pour parler des pommes que nous mangeons. Car aujourd’hui, la « pomme originelle », aussi surprenant que cela puisse paraître, provient de ce pays asiatique. Dans une forêt de la région d’Almaty, des pommiers de 30 mètres de haut produisent des fruits à l’origine de toutes les variétés de pommes que nous connaissons. La journaliste sonne toutefois l’alerte, la déforestation menace cette forêt-berceau.

 

La pomme, un fruit millénaire associé à de nombreux mythes et légendes qui a accompagné l’Homme tout au long de son Histoire, se retrouve aujourd’hui plus fragile que jamais. En effet, la plupart des variétés qui sont commercialisées, que ce soit des pink ladies, des golden ou des galas, sont issues de nombreuses sélections et hybridations qui ont eu lieu au cours des siècles. La pomme est arrivée en Occident par la Perse et la Grèce grâce aux Romains. Pendant plus de 2000 ans, les cultivateurs ont sélectionné les fruits qui correspondaient le plus à leurs attentes, en fonction du climat, de l’altitude et du terroir, et en favorisant les pommes les plus rondes et les plus lisses. Au fur et à mesure des sélections, de nombreuses variétés de pommes sont apparues

Au cœur des montagnes du Tian Shan, une forêt de pommiers coupée du monde est découverte

Il y a quelques décennies cependant, l’hybridation, avec comme principale leitmotiv la productivité et l’aspect, a pris le relais. Cette hybridation a entraîné une fragilisation des pommiers, qui produisent des pommes moins nutritives, et qui sont sensibles aux maladies telles que la tavelure, l’oïdium ou encore la moniliose. Afin de lutter contre ces maladies, les producteurs de pommes peuvent utiliser jusqu’à une trentaine de pesticides qui sont à la fois dangereux pour l’environnement et la santé humaine.

Existe-t-il d’autres alternatives ? Au milieu du 20ème siècle, dans la région d’Almaty au Kazakhstan, nichée au cœur des montagnes du Tian Shan, une forêt de pommiers, coupée du monde, est découverte. Les arbres, bien différents de ceux que nous connaissons, caressent le ciel de leurs branches qui culminent à plus de 30 mètres du sol. Cette forêt oubliée se révélera, quelques décennies plus tard, être le berceau de l’espèce à l’origine de toutes les variétés de pommes que nous connaissons aujourd’hui.

Ces pommes « originelles », toutes différentes d’un arbre à un autre, sont nées il y a près de 165 millions d’années. Elles sont non seulement comestibles, mais résistent aux maladies qui frappent les autres pommes que l’on trouve dans le commerce. L’analyse qui a permis cette découverte a aussi révélé que certaines variétés de pommes de nos régions, dites « anciennes » et dernières représentantes des pommes avant l’hybridation, sont encore très proches génétiquement des pommes kazakhes. C’est le cas par exemple de la pomme Bénédictin de Normandie, qui partage environ 60% de son ADN avec les pommes originelles ! Les pommes anciennes sont aussi réputées pour être plus résistantes aux maladies, un trait probablement hérité de leur ancêtre asiatique.

Des parcs nationaux pour protéger ces arbres de légende

Malheureusement, ces pommiers originels se retrouvent aujourd’hui menacés par la déforestation qui a lieu au Kazakhstan. La fondation ALMA, créée par la réalisatrice Catherine Peix à la suite de son film documentaire Les Origines de la Pomme ou le Jardin d’Eden retrouvé, vise à protéger les dernières forêts de ces arbres de légende, grâce notamment à la mise en place de parcs nationaux. Ces pommes renferment encore le secret de la résistance aux maladies qui affectent les autres pommiers et peuvent nous aider ! Protéger ces arbres kazakhs et favoriser les espèces européennes anciennes pourrait, à terme, permettre de limiter voire supprimer l’utilisation de pesticides. L’association française Les Croqueurs de Pommes a justement pour objectif de préserver les souches anciennes, dont certaines sont interdites à la consommation car elles ne figurent pas dans le catalogue officiel.

C’est en nous intéressant à ces variétés, en favorisant leur culture et en les dégustant que nous pourrons faire changer les choses. Les pommes du passé sont notre avenir, et c’est à nous de faire le bon choix !

 

Europe 1
Par Fanny Agostini, édité par Maxime Dewilder
Publication du 9 septembre 2019